On connaît la chanson... Mais saviez-vous que « La Foule » d’Édith Piaf, « L’Amérique » de Joe Dassin et « Comment te dire adieu ? » de Françoise Hardy étaient des (tr)adaptations ? Qu’il existe trois versions différentes en français de « I Will Survive » ? Et une version en anglais d’« Antisocial » de Trust ? Que « My Way » de Frank Sinatra ne parle pas du tout de la même chose que « Comme d’habitude » de Claude François ?
Dans cette rubrique, (re)visitez les (tr)adaptations les plus célèbres de notre patrimoine et percez quelques-uns de leurs secrets.
Pourquoi « (tr)adaptations », avec une parenthèse ? Parce que nous classons les traductions de chansons en quatre catégories : traductions centrées uniquement sur le sens textuel (à éviter à tout prix !!), tradaptations, adaptations et adaptations libres. Mais quelle différence faisons-nous entre les trois dernières ?
Une tradaptation, c’est un compromis, à parts à peu près égales, entre fidélité au sens textuel des paroles originales (les idées qu’elles véhiculent) et fidélité au sens musical de la chanson (présent dans la forme, elle aussi porteuse de sens, c’est-à-dire dans les rimes, le rythme, l’accentuation, la métrique, mais aussi l’atmosphère infusée par la musique et la voix de l’interprète). Une tradaptation fait un usage mesuré de stratégies de recréation, et les idées recréées s’inspirent directement d’éléments présents dans l’original.
Une adaptation présente un lien plus ou moins évident avec les paroles de l’original même s’il ne s’agit que d’une idée-clé. Elle fait un usage extensif de stratégies de recréation.
Une adaptation libre ne traduit que le sens musical : seule l’instrumentation et les paramètres formels (métrique, accentuation, éventuellement sonorités…) de l’original sont conservés. Un nouveau texte est créé pour être posé sur la musique, sans rapport avec le sens textuel des paroles originales.
Bien sûr, cette classification est artificielle, et les frontières entre les trois types sont poreuses. Nous considérons que ces différentes formes de traduction font partie d’un même continuum, et que l’adaptation est une stratégie de traduction parfaitement valide, pour peu qu’elle serve l’original.