
leTradapteur, c’est un site inédit qui vous propose des tradaptations françaises de tubes en anglais, pour rompre avec les traductions moches et incompréhensibles qui circulent sur Internet. Et pour vous permettre de comprendre à la fois ce que la chanson veut dire, et comment elle sonne vraiment aux oreilles des anglophones qui l’écoutent.
Des traductions chantables, qui respectent à parts égales les idées de la chanson et sa dimension musicale : rime, métrique, découpe, accentuation, répétitions, jeux de sons… En fait, ce sont des traductions qui trouvent un équilibre entre deux composantes indissociables d’une chanson : son « sens textuel » et son « sens musical ».
La démarche part d’une réalité simple : ce qui fait le « sens » des paroles d’une chanson, ce n’est pas uniquement le « sens des mots », pas seulement les idées contenues dans les paroles !
Et si on prenait deux exemples ? « Chandelier », de Sia, et « You Raise Me Up », de Josh Groban.
V.O.
I’m gonna swing
From the chandelier
From the chandelier
I’m gonna live
Like tomorrow doesn’t exist
Like it doesn’t exist
Version 1
Je vais me balancer
Au lustre
Au lustre
Je vais vivre
Comme si demain n’existait pas
Comme si ça n’existait pas
Version 2
Moi je vais vivre
De délire en délire
De délire en délire
Moi je vais rire
Comme pour oublier l'avenir
Oublier l'avenir
V.O.
When I am down and oh my soul so weary
When troubles come
and my heart burdened be
Then I am still and wait here in the silence
Until you come and sit awhile with me
You raise me up so I can
stand on mountains
You raise me up to walk
on stormy seas
I am strong when I am on your shoulders
You raise me up to
more than I can be
Version 1
Quand je suis déprimé et oh mon âme si lasse
Quand les ennuis viennent
et que mon cœur se trouve accablé
Je suis immobile et attends ici dans le silence
Que tu viennes t'asseoir un moment avec moi
Tu m'élèves pour que je puisse
me tenir debout sur les montagnes
Tu m'élèves pour marcher
sur les mers déchaînées par la tempête
Je suis fort quand je suis sur tes épaules
Tu m'élèves vers plus
que ce que je suis capable d'être
Version 2
Quand tout est noir et que j’ai l’âme qui soupire
Quand le cœur lourd
je dois craindre le pire
Dans le silence immobile j’attends mon heure
Tu viens alors me réchauffer le cœur
Donne-moi la force
d’escalader les montagnes
Donne-moi la force
de traverser les mers
Tu m’épaules et tu me rends invincible
Donne-moi la force
de franchir l’impossible
Dans les deux cas, c’est correctement écrit, il n’y a pas d’erreur d’interprétation. La version 1 est plus proche du sens textuel, la version 2, un peu moins. Quelle version préférez-vous ? Nous, on préfère la version 2, parce qu’elle traduit à la fois le sens des idées et les effets que les paroles suscitent.
Justement ! L’aspect musical n’est pas là juste pour décorer, pour rendre la chanson plus agréable. Il faut bien comprendre qu’en matière de chanson, c’est le son qui crée le sens. Le « sens musical » contribue directement au sens de la chanson. Si vous traduisez sans tenir compte du son, vous ne faites que la moitié du travail, vous ignorez forcément au moins une partie du sens.
Dans les versions 1, vous êtes distrait par l'absence de rimes et de chantabilité, par la métrique irrégulière, par le manque de poésie de plusieurs mots. Les versions 1 ne traduisent pas la forme du texte, ni l’effet produit sur l’auditeur, et le « sens » de la chanson est un peu perdu. Résultat, vous avez une réaction de rejet et vous dites : « en français, ça sonne mal » ! Bref, les versions 1 sont déséquilibrées par rapport à leur original.
A contrario, notre tradaptation de « Chandelier » de Sia (version 2) reproduit certains parallélismes, certains sons plaintifs, une certaine rythmique, et les rimes, auxquelles l’oreille est habituée. Des ingrédients indispensables qui aident à comprendre, à entendre, ce que la chanson « veut dire ».
En chanson, les mots, c’est de la musique. Imaginez votre chanson française préférée chantée par une castafiore polonaise : le sens textuel des paroles serait toujours là, mais avouez que vous trouveriez la chanson bien moins jolie tout à coup… Vous seriez forcément un peu distrait par l’interprétation catastrophique, et ça vous empêcherait de vous concentrer sur le sens et de comprendre vraiment la chanson.
C’est pour ces raisons que nous pensons que traduire correctement une chanson, c’est forcément la tradapter.
Dans toute chanson, il existe une indéniable synergie, une inséparable adéquation, entre ce que les paroles veulent dire (le sens des idées, le « sens textuel »), et ce que la chanson fait entendre (le « sens musical », présent dans la sonorité des mots mais aussi dans l’instrumentation et la voix de l’interprète). Le texte reflète la musique, la musique reflète le texte : les deux ont été créés pour aller ensemble. Traduire uniquement le sens des mots en ignorant totalement le sens musical, c’est nier cette synergie, c’est séparer l’inséparable. Et ça aboutit forcément à une « mauvaise traduction ».
Moins fidèle ? Mais fidèle à quoi ? Qui a dit qu’être fidèle en traduction, c’était seulement être fidèle au sens des idées ? Quand un anglophone écoute « Chandelier » de Sia, ou même quand il lit les paroles, son cerveau comprend des choses qui ne sont pas dues qu’au sens littéral, mais aussi à l’aspect esthétique de la chanson/des paroles. Être fidèle en traduction, c’est aussi être fidèle à la forme, et à l’effet produit sur le lecteur. Alors, quand on traduit une chanson, un genre où la forme compte au moins autant que le sens textuel, un genre où l’aspect esthétique des paroles reflète directement ce qu’elles veulent dire, ça devient carrément indispensable.
C'est encore plus flagrant avec une chanson truffée de jeux de mots, par exemple :
V.O.
I wanna hold ‘em
like they do in Texas please
Fold ‘em let ‘em hit me raise it
baby stay with me (I love it)
Love game intuition play
the cards with spades to start
And after he’s been hooked
I’ll play the one that’s on his heart
Version 1
Je vais les tenir
comme on le fait au Texas s’il vous plaît
Les coucher les laisser me frapper
relance bébé reste avec moi (J’adore ça)
L’amour le jeu l’intuition jouent les cartes
en commençant par les piques
Et une fois qu’il est devenu accro
je joue celle qui se trouve sur son cœur
Version 2
Je vais les dépouiller
façon poker menteur
Leur faire voir ma suite mon carré VIP
et mes couleurs (Le bonheur)
En amour pour rafler gros
je me tiens à carreau
Mais quand les jeux sont faits
j’abats mes cartes sur un coup d’cœur
(« Poker Face », par Lady Gaga)
Vous comprenez quelque chose à la première version, vous ? D’après vous, quelle version est la plus « fidèle » ?
Une tradaptation, c’est un exercice d’équilibrisme. Il faut trouver le compromis idéal entre le « sens textuel » et le « sens musical ». Il faut être patient, minutieux. Laisser reposer le texte et y revenir plus tard. Prendre un autre chemin si on est dans l'impasse. Il faut être soi-même un parolier – un parolier qui sait déjà de quoi il doit parler. Il faut faire des choix, comme toujours en traduction, car la traduction n’a rien d’automatique : elle est aussi complexe que le langage, qui est aussi complexe que la pensée humaine.
On pourrait croire que le grand nombre de contraintes est un obstacle à la traduction et inhibe le traducteur. Paradoxalement, c’est plutôt l’inverse : plus il y a de contraintes, plus le tradapteur peut se sentir libre de recréer. Il (ou elle !) se sert justement de toutes ces contraintes comme d’un tremplin. Il sait qu’il doit tordre le cou au détail du texte, mais il n’écrit pas juste ce qui lui vient à l’esprit. Il exploite les contraintes de l’original et en tire le meilleur parti pour se montrer fidèle à la chanson. Il « réveille » le texte pour le sortir de son état de produit fini.
On peut fonctionner notamment par associations d’idées. On peut surtout retracer l’impulsion créatrice du parolier original. Plutôt que de se demander uniquement ce que les mots ou les idées veulent dire, on se demande ce qui a poussé le parolier à les poser à tel ou tel endroit. Ce faisant, on traduit encore plus que le sens, on traduit l’acte d'écriture lui-même. Le tradapteur doit s’appliquer les mêmes directives que le parolier : produire des paroles percutantes, inédites, imagées, originales, sonores…
Les professionnels de l’écriture de chanson sont les premiers à dire qu’ils trouvent l’inspiration pour leurs paroles directement dans le son des mots, dans la forme du texte. C’est bien la preuve que son et sens sont imbriqués et indivisibles.
Oui. La traduction de chanson nous force à penser la traduction de chansons autrement, et à revoir nos préjugés sur la traduction en général. C’est un genre où la forme est tellement exacerbée qu’on ne peut plus se contenter de compter les idées présentes dans l’original et de vérifier si on a bien la même chose à l’arrivée.
La recréation apparaît comme le meilleur moyen d’aboutir à une traduction qui préserve et équilibre l’ensemble des forces en présence dans l’original. Il n’y a qu’en faisant preuve de recréation qu’on peut se montrer fidèle à la chanson dans son ensemble, et équilibrer tous les paramètres.
On peut recenser un certain nombre de contraintes qui reviennent systématiquement : les idées du texte, les rimes (leur nature, leur agencement, ou leur absence), la métrique (= le nombre de syllabes, qui épouse le « rythme » de la chanson), l’accentuation des mots, propre à chaque langue (qui doit coïncider avec les temps forts et les accents musicaux au risque de choquer l’oreille ou de créer des malentendus ridicules : c’est ce qu’on appelle la prosodie), la découpe du texte (qui doit être naturelle : pas de pauses aux mauvais endroits), la longueur des voyelles (on ne peut pas placer une brève sur une voyelle allongée, par exemple, ou alors il faut tricher sur la métrique), le type de consonnes et de voyelles utilisées (une consonne qui cogne ne produit pas le même effet et ne veut pas dire la même chose qu’une consonne qui coule), sans compter qu’il faut aussi poser des sons chantables dans la tradaptation, et que « l’équivalent » français d’un mot anglais peut être complètement différent d’un point de vue sonore. Comparez « chandelier » et « lustre », par exemple !
L’importance de ces différentes contraintes dépend du type de chanson (rythmée ou lente…) et du style musical (le rap, par exemple, est un vrai casse-tête pour l’accent tonique). Et si on prend aussi le clip en considération, des contraintes supplémentaires s’ajoutent : il ne faut pas contredire ce qu’on voit à l’écran.
Mais cette classification en contraintes est un peu artificielle, car comme nous l’avons vu tous ces éléments sont liés les uns aux autres. L’instrumentation, la voix et l’interprétation du chanteur ou de la chanteuse, le clip, les relations que la chanson entretient avec les autres chansons du genre, influencent directement le parolier original, et donc aussi le tradapteur, qui s’efforce de reproduire l’impulsion créatrice. Ce qui est certain, c’est que la chanson est un genre multiple.
Avez-vous comparé vers à vers (ligne à ligne) ? Ou avez-vous, comme nous, considéré la chanson dans sa globalité ? Nous avons peut-être inversé l’ordre de quelques idées, en raison des contraintes formelles.
Cette pratique nous semble parfaitement justifiée, car au fond, une chanson, c’est un réseau de sens multiples, et c’est un dialogue permanent entre la musique et les mots. Il faut envisager la chanson comme un tout : on ne traduit plus ligne à ligne ou même strophe à strophe. Et d’ailleurs, la chanson étant un genre essentiellement oral, sait-on jamais vraiment où le vers commence et où il s’arrête ? Une idée exprimée à un endroit dans l’original peut l’être ailleurs dans la tradaptation, ou encore on peut remplacer une rime par un jeu de sons, un jeu de sons par une allitération, etc. Les traductologues appellent ça des stratégies de compensation.
C’est en pensant la traduction de chanson autrement qu’on pourra faire entendre les chansons à leur juste valeur.
Qu'est-ce qu'une traduction ? Qu'est-ce qu'une adaptation ? Nous pensons justement qu'il n'y a pas de frontière bien définie entre les deux pratiques : à cause des différences fondamentales entre les langues, toute traduction suppose un certain degré d'adaptation ; toute adaptation est une forme de traduction. Le mot « tradaptation » permet justement de réconcilier les deux termes. Nous préférons parler de recréation plutôt que d'adaptation. Donc, OUI, nos tradaptations SONT des traductions, ce sont même les traductions les plus fidèles possibles à leur original, dont nous considérons à la fois le sens textuel et le sens musical.

Pas du tout ! Nous aimons chanter en anglais. Le but de ce site, c’est de vous permettre de mieux comprendre, de mieux entendre, les paroles de vos chansons préférées. C’est justement pour faire honneur à l’original que nous tradaptons des chansons, parce que nous considérons qu’il n’y a pas plus fidèle qu’une tradaptation.
Une tradaptation, c’est un peu une traduction, un peu une adaptation, et ça sert surtout à dire que tout ça, c’est un peu la même chose, finalement. Les frontières entre les deux genres sont artificielles, et il n’y a pas de différence fondamentale entre les deux pratiques. Jusqu’ici, le mot « tradaptation » a été utilisé essentiellement dans le cadre de la traduction théâtrale ou audiovisuelle, d’abord par le traducteur et dramaturge Michel Garneau, puis par le traductologue Yves Gambier. (Consultez notre glossaire pour en savoir plus.)
Nous classons les traductions de chansons en quatre catégories : traductions centrées uniquement sur le sens textuel (à éviter à tout prix !!), tradaptations, adaptations et adaptations libres. Bien sûr, cette classification est purement cosmétique, et les frontières entre les trois types sont poreuses. Nous considérons que ces différentes formes de traduction font partie d’un même continuum. Selon nous, toute traduction est un peu une adaptation, et l’adaptation est une stratégie de traduction parfaitement valide, tant qu’elle sert l’original.
On peut proposer les définitions suivantes :
Une tradaptation, c’est un compromis, à parts à peu près égales, entre fidélité au sens textuel des paroles originales (les idées qu’elles véhiculent) et fidélité au sens musical de la chanson (présent dans la forme, elle aussi porteuse de sens, c’est-à-dire dans les rimes, le rythme, l’accentuation, la métrique, mais aussi l’atmosphère infusée par la musique et la voix de l’interprète). Une tradaptation fait un usage mesuré de stratégies de recréation, et les idées recréées s’inspirent directement d’éléments présents dans l’original.
Exemple : « Amsterdam » de Scott Walker, tradaptation d’« Amsterdam » de Jacques Brel.
Une adaptation présente un lien plus ou moins évident avec les paroles de l’original même s’il ne s’agit que d’une idée-clé. Elle fait un usage extensif de stratégies de recréation.
Exemple : « Autumn Leaves », adaptation de « Les Feuilles mortes » d’Yves Montand.
Une adaptation libre ne traduit que le sens musical : seule l’instrumentation et les paramètres formels (métrique, accentuation, éventuellement sonorités…) de l’original sont conservés. Un nouveau texte est créé pour être posé sur la musique, sans rapport avec le sens textuel des paroles originales.
Exemple : « My Way » de Frank Sinatra, adaptation libre de « Comme d’habitude » de Claude François.
Quant à « traduction », il s’agit selon nous d’un terme plus large englobant les trois types définis ci-dessus.
Pour répondre à cette question, il faudrait d’abord définir ce qu’est la traduction, et des livres entiers ont été écrits sur le sujet par les traductologues.
Nous considérons qu’une tradaptation est la meilleure traduction possible, la plus « fidèle » à l’original, car le grand nombre de contraintes du genre nous force à repenser la notion de fidélité en traduction.
Pour commencer à comprendre, il faut accepter qu’une traduction (même celle d’un texte très technique) n’est jamais automatique, parce que le langage est très complexe, le sens jamais figé et toujours en mouvement, que les différentes langues ne découpent pas la réalité de la même manière, et qu’on ne pense pas pareil en français, en anglais, en javanais et en zoulou. Traduire, c’est toujours « dire presque la même chose », pour reprendre un titre d’Umberto Eco. Certains traductologues considèrent qu’il vaut mieux traduire de façon plus dépaysante pour signaler justement ces différences fondamentales entre les langues, d’autres sont d’avis que le fait même qu’il existe ces différences autorise le traducteur à produire un texte naturel dans sa langue. Au final, ces deux arguments sont un peu les deux facettes d’une même pièce.
Laissons le dernier mot au traductologue Georges Bastin : « Il est impératif de reconnaître l’adaptation comme un processus créatif qui vise à restaurer l’équilibre communicationnel bien souvent rompu par les formes de traduction traditionnelles. Tant qu’on ne la traitera pas comme une stratégie légitime, on ne pourra pas en comprendre le bien-fondé ni le rapport qu’elle entretient avec d’autres formes de traduction plus conventionnelles. »
On entend partout cet argument, et la question est complexe et passionnante. L’anglais est-il vraiment plus musical que le français, ou est-ce un préjugé tellement bien enraciné qu’on ne le questionne même plus ?
Notre avis n’est pas tranché. Il est indéniable que lorsqu’on chante en anglais, on n’utilise pas son appareil phonatoire de la même manière que lorsqu’on chante en français. Cependant, le français possède des ressources, différentes de celles de l’anglais, qui permettent très bien de faire « chanter » les mots. L’anglais, quant à lui, possède d’autres contraintes qui se ressentent moins en français : celle de l’accent tonique, par exemple. Les deux langues sont exigeantes et possèdent du potentiel. Le nœud du problème, c’est peut-être justement qu’on se trompe de méthode, parce qu'on essaie de chanter en français en utilisant la prosodie anglaise. Par exemple, le français ne peut pas toujours accentuer une syllabe en milieu de mot comme le fait l’anglais, et parfois on aura intérêt à poser trois mots là où il n’y en avait qu’un seul dans l’original.
Surtout, est-ce que ce n’est pas simplement une question d’habitude, de culture musicale ? La chanson francophone possède une tradition de la « chanson à texte » (l’expression, d’ailleurs, n’est pas facile à traduire en anglais !), la chanson anglophone une culture du rock particulièrement riche. N’est-ce pas aussi une question d’habitude ? Ne peut-on pas bousculer les habitudes ?
Nous sommes tentés d’avancer encore une autre explication : de nos jours, il est de bon ton de dire que l’anglais est « plus cool », « plus hip », « plus swag » que le français, et d’utiliser des anglicismes à toutes les sauces dans une conversation. Une personne qui parle véritablement couramment anglais ne trouvera pas nécessairement les paroles d’une chanson commerciale en anglais plus profondes que celles d’une chanson française. La seule différence, c’est que lorsqu’on écoute une chanson en anglais, on comprend moins bien, alors on a l’impression que le texte passe mieux.
Et, bien sûr, quand on découvre la tradaptation française d’une chanson à succès, on est forcément dérouté, car on était habitué aux sons de l’original. On est forcé de comparer, et on sait bien que la copie ne sera jamais meilleure qu’un bon original.
Dans les années 1960, Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Claude François entre autres ont interprété de nombreuses reprises de chansons américaines ou britanniques que l’on prend aujourd’hui pour les originales (voir la rubrique : (Tr)Adaptations célèbres). De nos jours, très peu de chansons sont tradaptées correctement en français, sauf dans un contexte théâtral (comédies musicales) ou audiovisuel (dessins animés…). Il suffit de repenser aux chansons des films de Disney de notre enfance pour s’apercevoir qu’on les trouve très bonnes – et pourtant, ce sont des traductions ! Faites le test : écoutez votre chanson Disney préférée en anglais… ne regrettez-vous pas un peu la version française, que vous preniez pour l’originale étant enfant ?
Tous ceux qui veulent comprendre les paroles de leurs chansons préférées ! Il s’agit d’un site à but non commercial, réalisé exclusivement par passion. Nous tradaptatons en priorité les chansons du moment pour faire connaître notre projet, mais nous espérons intéresser les jeunes autant que les plus vieux, les mélomanes autant que les linguistes qui veulent réfléchir à la traduction.
Parce que nous aimons la musique, les langues et la traduction. Parce que la traduction de chanson est l’un des genres, sinon le genre, qui cristallise le plus grand nombre de problèmes de traduction, et qu’elle nous permet de « mieux comprendre ce qu’implique la traduction, jusqu’où ses frontières peuvent s’étendre, et quelles relations elle entretient avec d’autres formes d’expression », pour citer la traductologue Şebnem Susam-Saraeva. Parce que la traduction de chansons permet de penser la traduction autrement. Et parce que d’après nous il n’y a rien de plus stimulant que d’entendre en musique le résultat du passage d’une langue à une autre !
La majorité des transcriptions de paroles de chanson sur Internet comportent des erreurs, car on ne comprend presque jamais 100 % des paroles d’une chanson, même si elle est chantée dans notre propre langue (on n'en a simplement pas conscience). Si les paroles officielles ne sont pas disponibles et qu’on ne comprend toujours pas après de nombreuses écoutes, on peut procéder comme l’aurait fait le parolier original : recréer en exploitant les contraintes du reste du texte, s’appuyer sur les sonorités, les associations d’idées… Et tenter de reproduire l’intention créatrice.
Pour deux raisons, l’une pratique, l’autre plus « philosophique ». D’abord, nous appliquons à nos transcriptions les conventions utilisées dans le sous-titrage professionnel, où les chansons sont sous-titrées sans ponctuation. Ensuite, parce qu’en chanson on ne sait jamais vraiment où un vers finit et où il s’arrête, ni comment les mots doivent être groupés. Sans parler des chansons qui jouent exclusivement sur les mots et les sons…
Nous vous invitons à consulter notre page Qui-sommes nous ? ;-)
Pour aller encore plus loin, consultez notre glossaire.
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