Interprète(s) : Adele
Paroles originales : Adele et Dan Wilson
Tradaptation : Antoine Guillemain
Les mots en gras appartiennent à la terminologie de la tradaptation de chansons. Vous pouvez consulter leur définition dans notre glossaire.
- Les paroles de la CD sont écrites dans une langue courante (à l’exception du couplet 5, plus métaphorique) et la chanson contient de nombreuses voyelles allongées, sur lesquelles la chanteuse fait des effets de voix. Par conséquent, la tradaptation de cette chanson s’est révélée un véritable casse-tête car il s’est agi de rendre l’original dans une langue simple tout en faisant coïncider les nombreuses voyelles étirées et autres diérèses de la CD avec des voyelles étirables dans la CA. De plus, malgré la simplicité de la langue, il fallait éviter de tomber dans le cliché, car l’original, quoique assez épuré, n’est jamais ridicule.
- Ainsi, nous avons privilégié les termes « chantables », tels que « jolie » (premier couplet, un ajout gratuit de notre part, concédons-le), « voix » (couplet 4), etc., et les rimes en « -a » ou « -oi », facilement étirables. Nous n’avons cependant pas souhaité transiger sur la dimension métaphorique de l’expression « hide from the light » (couplet 3) : bien que le mot « éclipse » soit difficile à chanter, nous sommes passés, par modulation métaphorique, de l’absence de lumière à l’éclipse.
- Dans le couplet 4, il nous a paru intéressant de jouer sur les sons avec « J’avais l’espoir d’un soir / De te voir t’apercevoir que pour toi » (assonance en « -oi » et allitération en « t », en l’occurrence), d’autant que la CD est plutôt scandée à cet endroit, et joue elle-même sur une allitération en « d » (I had hoped you’d see my face / And that you’d be reminded… »).
- De même, nous avons récupéré la répétition interne et l'assonance du vers « I couldn’t stay away / I couldn’t fight it » (refrain) grâce à une sorte de jeu de mots : « Je ne peux plus tenir plus me contenir », qui nous semblait bien traduire l’état d’esprit de la femme qui n’a pas pu s’empêcher d’aller trouver son ami(e). On peut parler de compensation par nature.
- Il nous a paru important de rendre la lassitude et l’amertume que nous avons cru trouver dans la chanson originale (présentes notamment dans les termes « [I] guess… », « Old friend », « I hate to… », et surtout « Never mind »). Ainsi, le premier mot de la CA, « Voilà », exprime une certaine résignation.
La question de l’interprétation du fameux « Never mind » qui débute le refrain s’est posée. Nous ne pensons pas qu’il faille le comprendre comme « Ne t’en fais pas » et nous y entendons plutôt un soupçon de sarcasme. D’autant que, couplé à « someone like you », l’expression semble dire : « Je te remplacerai par un(e) autre ». Pour nous, la femme exprime une certaine rancœur dans ces deux vers. Cependant, pour des raisons de métrique, la phrase « Je retrouverai / Quelqu’un comme toi » (qui colle parfaitement au nombre de voyelles et au sens textuel de l’original et donc nous a paru s’imposer), perd cette dimension. Nous croyons l’avoir récupérée, par effet de compensation par endroit, deux vers plus bas, avec « Tant mieux », qui nous semble empreint d’un certain sarcasme.
- La langue littéraire du couplet 5 nous a conduits à nous écarter du sens textuel strict pour jouer sur les images et les champs lexicaux. Il nous a paru important de retenir la notion de temps qui passe, d’âge d’or désormais révolu, ainsi qu’une allusion aux éléments – l’été (« summer ») est devenu « les saisons », un hypéronyme. L’idée que les deux êtres étaient autrefois unis nous a elle aussi paru cruciale (le terme « bound » en anglais est assez fort). Nous avons sans doute cédé à la tentation de l’explicitation en ayant recours au terme « aimer » (l’original ne stipule pas que les deux personnes s’aimaient), et la métaphore de la valse est absente de la CD, mais ce genre d’image, à notre avis, compense la perte d’autres métaphores et emploie un registre de langue similaire. En d’autres termes, ici, il s’est agi plus de traduire l’intention créatrice que le sens textuel. Cependant, il nous semble que ce couplet retient bien l’idée de deux personnes qui se contentent de vivre l’une pour l’autre sans se soucier du reste du monde. Notons enfin que l’équivalence ligne à ligne est futile, et que nous avons pu récupérer « Yesterday » (présent au troisième vers dans la CD) dès le premier vers (« Hier ») dans notre tradaptation, ou encore « glory days » (présent au dernier vers dans la CD) un peu plus haut, avec « les beaux jours » : on peut parler de compensation par endroit.
- Dans le pont, nous avons sans doute pris quelques libertés vis-à-vis du sens textuel de l’original, qui nous semblait relativement obscur. Il nous semble avoir clarifié ce passage : à présent qu’arrive le temps des regrets, la femme se rend compte qu’elle souffre et, même si le souvenir demeure, rien n’est plus comme avant.